7. Les panlades de Cousine Denise dite "Tartine"



Une des cousines germaines de ma maman s’appelait Denise mais mon frère l’avait renommé Tartine alors qu’un jour elle lui en avait donné une pour son goûter. Ce surnom lui est resté. 
Tartine partageait avec nous la maison de sa grand-mère à Tirieu, hameau attaché à la commune de Courtenay, et elle avait épousé Paul, surnommé Popaul ce qui est moins original, et natif de Bertignat un petit village auvergnat. 

En 1989 Courtenay fête, comme de partout en France, le bi-centenaire de la révolution française. Le samedi 15 juillet, tous les habitants des villages environnants se sont donnés rendez-vous sur la place de Courtenay pour assister à une émouvante reconstitution des évènements qui s’y étaient déroulées deux cent ans plus tôt. Des chevaux, des comédiens amateurs, des costumes plus ou bricolés, des flambeaux, des textes issus des archives municipales, tout y était. L’air vibrait sous la douce chaleur de l’été, l’Histoire se jouait là sous nos yeux. Il était bon de se sentir émerveillé sans tenir compte de la  candeur des acteurs bénévoles, ne voyant que l'enthousiasme et la ferveur qui nous animait en un élan commun. Nous étions assis sur les marches d’un petit escalier qui montaient à une porte depuis longtemps inutilisée sur le côté de l’église. 

Mon fils Jonathan venait juste d’avoir quatre ans et Léah naîtrait au début de l’hiver. La fête était belle, joyeuse et animée. Tartine bien sûr était là avec nous et lorsqu’il fallut rentrer elle décréta sur un ton décidé : «Je vais vous faire des panlades !»  C’était certainement pour elle le plus sûr moyen d’assurer définitivement à cette soirée son caractère d'exception et de complète réussite qu’il lui permettrait de s’ancrer dans nos souvenirs. 
En un tour de main rapide, Tartine prépare cette recette venue d’Auvergne par l'intermédiaire de son mari Popaul. La pâte est prête, la poêle crépite sous l’huile et le beurre et les panlades brûlantes et sucrées tombent dans nos assiettes. On se brûle les doigts, on se régale, on en mangerait bien une deuxième, mais Tartine assure avec fermeté : «Allez çà suffit, après on se couchera avec mal au ventre !»  C’est ainsi que le 15 juillet 1989 est marqué dans mon agenda comme jour de fête nationale et des panlades.




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